Carmignac – Perspectives 2026

L'Art de la fugue

Publié le
5 décembre 2025
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En 2026, la croissance mondiale restera inchangée à 3%. Les marchés offrent encore des opportunités, mais le contexte de valorisations élevées et de concentration des moteurs de croissance (IA, défense, largesses budgétaires) invitent à davantage de sélectivité et une diversification plus importante. Les actions (leaders technologiques et valeurs défensives) ainsi que le crédit de qualité demeurent porteurs dans une approche équilibrée. A l’inverse, la gestion d’emprunts souverains doit faire preuve de prudence face aux excès budgétaires et à l’inflation structurelle.

UN MONDE EN CROISSANCE MODEREE MAIS SOUS TENSIONS

La croissance mondiale devrait rester autour de 3% en 2026, portée par trois moteurs :

  • les investissements liés à l’intelligence artificielle,
  • les dépenses de sécurité nationale,
  • et des politiques budgétaires généreuses.

L’absence d’accélération, malgré la poursuite des politiques monétaire et fiscale s’explique par : persistance des tensions géopolitiques (tarifs, Russie, Taïwan, Venezuela), durcissement des conditions de crédit, tensions sur les marchés monétaires, et hausse des primes de taux.

GRANDES ECONOMIES : DES TRAJECTOIRES DIVERGENTES

ÉTATS-UNIS : UNE REPRISE FRAGILE SOUS TENSION POLITIQUE ET SOCIALE

La croissance pourrait réaccélérer vers 2%, portée par un soutien budgétaire massif (la Big Beautiful Bill) et les politiques monétaires récentes. Elle se heurte toutefois à une offre contrainte par les droits de douane et le recul de l’immigration, et une inflation persistante autour de 3%.

Sur le terrain politique, l’embellie économique ne se traduit pas dans l’opinion. Les ménages demeurent préoccupés par la stagnation du pouvoir d’achat, la perception d’une prospérité concentrée dans les marchés financiers et un sentiment d’insécurité professionnelle lié à l’IA.

Dès lors, on peut s’attendre à ce que Trump pousse encore plus loin le curseur via des politiques de stimulation ou une déréglementation bancaire, voire un retour des politiques de création monétaires par la Banque centrale.

ZONE EURO : UNIS DANS LA RELANCE, FREINEE PAR LA COMPETITIVITE

La croissance devrait repartir modestement en 2026, autour de 1,2%, non pas grâce à ses moteurs traditionnels — exportations et investissement privé, désormais affaiblis — mais grâce à un activisme budgétaire massif et coordonné (plan NGEU1, plan allemand de relance d’ampleur historique). Cette stratégie ne lève toutefois pas l’obstacle central : la perte de compétitivité industrielle, accentuée par la montée en puissance de la Chine, secteur après secteur. Recourir aux droits douaniers serait contre-productif, Pékin détenant un quasi-monopole sur le graphite et les terres rares.

Dans ce contexte, la BCE2 dispose d’une marge réduite : une productivité décevante freine toute perspective de baisse de taux, alors que seule une faiblesse de l’euro pourrait atténuer les déséquilibres.

CHINE : DU MERCANTILISME AU TECHNO-MILITARISME

La Chine poursuit sa stratégie d’économie de guerre technologique, en privilégiant l’autosuffisance technologique et l’IA, malgré une crise immobilière et le chômage des jeunes. Les exportations ralentissant, Pékin devra élargir son déficit pour assurer un socle de croissance d’au moins 4%.

La Chine doit également créer plus de monnaie pour financer sa relance, car son système bancaire est fragilisé. Tant que le pays continue d’attirer des devises, sa monnaie restera stable. Cet afflux d’argent soutient les prix des actions chinoises.

JAPON : UN TOURNANT ECONOMIQUE AUX REPERCUSSIONS MONDIALES

Le Japon lance une relance très ambitieuse qui risque d’alimenter l’inflation et de faire baisser le yen. Si les marchés et l’opinion réagissent négativement, le gouvernement pourrait devoir changer de cap : hausse des taux, soutien à la monnaie et rapatriement de capitaux. Un revirement brutal de politique monétaire pourrait créer des effets secondaires sur les marchés mondiaux, notamment américains.

La croissance mondiale reste faible et inégale, alimentant des tensions politiques et des choix budgétaires de plus en plus expansifs. Les banques centrales doivent composer avec ces stratégies, parfois au détriment de la stabilité des marchés obligataires. Dans un monde où les économies sont étroitement liées, les secousses provoquées par un pays se répercutent rapidement sur les autres. La Chine, elle-même, ne serait pas isolée face à ces dynamiques globales.

STRATEGIE D’INVESTISSEMENT : DIVERSIFICATION, DISCIPLINE ET AGILITE

ROMPRE AVEC LES SCHEMAS TRADITIONNELS

Les quatre principales économies soutiennent encore la croissance, même si le cycle arrive à maturité. Les valorisations des marchés reflètent cette fin de cycle, alors même que les ressorts de l’activité continuent d’en prolonger la dynamique. La combinaison d’une activité solide et d’une inflation persistante favorise les actions et le crédit, et plus largement les actifs risqués, mais appelle à la prudence sur les emprunts d’ État. Trois forces dominent : l’essor de l’IA, des politiques budgétaires très actives et la recherche de souveraineté (sécurité et industrielle). Dans un marché plus corrélé, une diversification vraiment efficace devient essentielle.

ACTIONS : UNE APPROCHE EQUILIBREE

Une stratégie qui combine :

  • leaders technologiques exposés aux gains de productivité liés à l’IA,
  • valeurs défensives (santé, consommation de base), moins sensibles aux cycles.

L’IA reste un moteur durable grâce à des investissements massifs, mais les valorisations élevées appellent à une sélection rigoureuse. La consommation est elle aussi contrastée : ménages aisés toujours dynamiques, ménages modestes privilégient les produits essentiels et abordables. Pour les investisseurs, l’enjeu est de s’exposer aux deux extrêmes dans un contexte marqué par la souveraineté industrielle et la montée des dépenses de sécurité.

OBLIGATIONS & DEVISES : RECHERCHER LA QUALITÉ DANS UN MONDE PLUS RISQUÉ

Dans un contexte d’inflation durable et de déficits élevés, les obligations longues des États très endettés offrent peu d’intérêt. Les obligations indexées à l’inflation deviennent plus pertinentes grâce à leur protection naturelle contre la hausse des prix.

Sur le crédit, la prudence s’impose : la priorité va au portage auprès d’émetteurs solides. La forte dispersion entre émetteurs, notations et secteurs permettent de bâtir des portefeuilles générant un rendement moyen de 5% avec un profil de notation investment grade (AAA à BBB-), assurant un équilibre efficace entre risque et rémunération attendue.

Côté devises, les pays combinant discipline budgétaire et ressources stratégiques – comme le Chili, l’Afrique du Sud ou l’Australie – présentent des profils plus robustes dans cet environnement.

INVESTIR DANS UN MONDE MOINS STABLE

L’association de politiques budgétaires, des investissements massifs dans l’IA et des stratégies de souveraineté nationale modifie durablement l’environnement macro-financier.

Dans ce contexte :

  • les actifs dits "sans risque" deviennent vulnérables au risque d’inflation,
  • les actifs risqués (actions, crédit, certaines devises) constituent une meilleure protection contre cette dernière et captent la croissance,
  • la corrélation actions-obligations devient plus instable, une gestion agile entre classes d’actifs.

Les niveaux de valorisations appellent à la sélectivité, non au désengagement. Le cadre d’investissement doit évoluer. L’exposition passive à des indices ou à des zones géographiques n’est plus suffisante. Les gagnants seront ceux qui adopteront une approche sélective, globale, disciplinée en matière de valorisations. Le contexte actuel n’a rien d’un atterrissage en douceur ; il traduit au contraire une course en avant où la réactivité primera sur la réserve.

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